01. Si je te dis popularité tu me réponds ? :

« bienvenue dans mon monde, tout le monde est à mes pieds. »
« un jour, je serai sur les devants de la scène et tout le monde se prosternera devant moi. »
« Bêtise et idiotie. J'ai pas de temps à perdre avec ces conneries »
« laissez moi tranquille, j'ai rien demandé. Promis, je disparais. »

02. Au niveau de l'échelle sociale, t'en es où ? :

« tu vois l'étoile qui brille en haut ? C'est moi. »
« Je dirais que je suis entre les pâtes et la pizza. Dans tout les cas, je finirais au dessus de ça. »
« et moi, je te demande si t'as une passion pour les poissons rouge ?»
« euh.. Je suis plutôt le genre de truc qu'on remarque pas.»

03. Plutôt soirée alcoolisée ou soirée télé :

« Les soirées alcoolisée, c'est mon truc. Je suis partout, tout le temps et généralement, c'est même moi qui les organisent. »
« Les incrustes, c'est mon domaine alors, tu peux être sûr que je suis toujours présent. Les soirées télés ? Très peu pour moi. »
« Bordel, mais ça te regarde pas. Tu veux pas mon emploi du temps aussi ?»
« Je dirais télé.. Pour le reste, je suis jamais invité.»

04. Et sinon, ton plat préférée, c'est quoi ? :

« De la salade et de la salade et encore de la salade. Quoi que, de l'herbe parfois.. »
« De la salade devant tout le monde et puis de la pizzas quand personne ne me regarde. »
« Et voilà que tu te prends pour une nutritionniste, tu veux une gifle ou quoi ? »
« Pourquoi ? Si tu me laisses tranquille promis je te donne mon repas.»

« Le temps est assassin et emporte avec lui le rire des enfants. »

Au cours de notre existence, nous sommes confrontés à plusieurs étapes, plusieurs changements. Nous subissons les aléas de la vie, on nous les impose comme on associe l'argent aux bonheurs des uns et aux malheurs des autres. Ça serait un mensonge pour moi de vous dire que l'argent ne fait pas mon bonheur. Un autre mensonge, ça serait de dire que je n'ai pas changé ; que durant ma vie, je suis resté humblement le même. Avec une pointe d'amertume, je vais vous dire que je n'ai pas toujours été ce connard aux allures d'homme parfait qui baise sa société et sa population avec fierté. Je vous fais pitié, vous me détester. A vrai dire, toutes ces choses m'importent peu. Vous savez, durant mon enfance, j'étais l'enfant rejeté, le mal aimé. Énorme bêtise de croire que j'ai été l'être le plus attendu, celui en qui on plaçait l'espoir, l'héritage. Né dans une famille avec des feuilles d'or en guise de papier toilette, j'étais le cadet d'une fratrie de trois garçons pendant un long moment. J'étais celui qu'on regardait du coin de l'oeil. Celui sur lequel on pose à peine un regard car il ne brille pas assez. Durant ma jeunesse, j'étais en obésité. Cela vous étonne, n'est-ce pas ? A l'époque, c'était une honte. Famille parfaite, famille d'athlète. Cette connerie rime un peu trop, ça sonne beaucoup trop faux. Mais c'était le jeu, ça se passait comme ça ici. Alors, j'étais la tâche sur la nappe blanche. Le loser, celui qu'on camoufle à l'aide de choses superflus. Mes frères, quant à eux, étaient appréciés. Nos parents qui possédaient déjà une fortune inestimable grâce aux héritages, ne travaillaient alors pas beaucoup. Plus particulièrement notre mère, cette pie aux allures de Cruella. Elle m'a toujours effrayé, je ne l'ai jamais aimé. Il y avait mon aîné, Sandro. Il était toujours là, l'étiquette qu'on arrive pas à s'enlever du doigt malgré les efforts fournis. Il était collé à ses jambes, puis maman a toujours aimé ça de toute façon. Alors, je lui portais peu d'attention. Je jouais seul dans ma chambre. Parce que moi aussi, j'ai déjà connu les moqueries des enfants. J'ai déjà été celui qu'on pointait du doigt en rigolant, en chuchotant des moqueries incessantes. Mon père n'était pas assez présent dans ma vie pour me rassurer, pour me dire que ça irait et qu'un jour, moi aussi je pourrais briller. Personne n'était là pour moi, jusqu'à ce jour, ou plutôt cette nuit.

« Mon frère passe par des moments difficiles ces derniers temps. J’aimerais pouvoir faire plus pour l’aider. Le fait, qu’on s’entende bien c’est nouveau pour nous. Mais je suppose que c’est comme ça que se comportent des frères. »

C'était en pleine nuit, durant l'hiver. Grâce à je ne sais quel miracle, nous avions eu de la neige. Dehors, j'étais assis sur l'herbe qui était recouverte d'innombrable flocons. Tapis d'une blancheur excise, je n'avais que douze ans et ce spectacle m'émerveillait. Puis ce soir-là, il faisait froid. J'étais dans mon énorme doudoune hors de prix, fraîchement offerte par une maman qui dépense l'argent comme elle peut aller se recoiffer. Puis Raffael -mon autre grand-frère âgé de trois ans de plus que moi- fit son apparition. Couvert de sang sur le visage, les vêtements tachés, les yeux mi-clos, il ressemblait à un sdf qui s'était trompé de chemin. Sur son passage, il tâchait la pureté du tapis blanc. Ce soir-là, j'ai couru vers lui, sans poser de questions. Je connaissais assez ma mère pour savoir qu'il ne fallait surtout pas qu'elle le voit comme ça. Pas dans cet état. J'étais peut-être l'enfant mal aimé, regardé de haut. Mais Raffael, lui, c'était l'invisible. Même moi, je ne faisais pas attention à lui. Il était l'oiseau qui prend ses libertés, on ne lui en voulait pas, parce que ça lui allait bien. Il était différent de nous tous, il était mystérieux, il se fichait bien de l'argent. C'était un artiste, il faisait de la musique avec des amis à lui. Mais ce soir-là, je l'ai soigné comme je pouvais. J'ai pris soin de lui, je l'ai couché dans son lit bien trop grand pour son corps fragile de jeune adolescent. Depuis, mon frère fantomatique ne l'était plus. Sans comprendre comment ni pourquoi, une grande complicité est née. Comme ça, paf ça fait des chocapics. Paf, ça fait un nouveau lien. Une nouvelle attache. Et grâce à lui, grâce à mon frère, grâce à Raffael, le phoenix reprend vie de ses cendres.

« L’âme humaine puise sa substance dans des expériences inédites. »

De cette nuit, de cette nouvelle complicité, je suis devenue Nino. La période de ma vie où l'on m'appelait Cleante, ce temps où l'obésité régnait sur ma vie, tout ça, c'était fini. Je me suis pris en main, j'ai commencé à maigrir car je me sentais bien dans ma peau. Je me sentais aimé, c'était ça le truc. Mon frère était là pour moi, c'était nous deux contre tous. A la perte de poids, mon père a fait attention à moi. Il a voulu faire des parties de football, chose en laquelle je me retrouvais plutôt doué. Un miracle, un changement de vie. Le changement était là. Nino était là. Et l'enfant qui prenait peur à la vue de sa mère, l'enfant qui se cachait derrière ses jouets, tout ça, c'était terminé. Mes parents m'ont changé de collège à ma demande. Ainsi, j'ai rejoins le plus prestigieux collège de Venise. Je me suis fait un tas d'amis, j'étais convoité. Autant pour ma richesse que pour mon physique. Je faisais du sport, je devenais arrogant. Je rigolais, je faisais des coups bas. La méchanceté, c'est une chose qui vous gagne. Alors ainsi, je suis rentré dans le jeu. Celui de la popularité, celui de l'échelle sociale. Et j'ai gagné, n'est-ce pas ? Sans aucun doute. Les filles me collaient, elles faisaient tout pour avoir mon attention. Chose que je ne donnais pas. Et moi dans tout ça, je m'amusais. Je changeais, complètement, radicalement. Personne ne me connaissait, sauf mon frère, mon seul et véritable ami. On passait énormément de temps ensemble, on sortait en douce, on déambulait dans les rues de Venise. Les deux doigts de la main, c'était nous. Raffael représentait l'espoir au milieu du noir. Il était la rampe sur le mur quand on doit monter un escalier sans fin. Il était lui, il était mon frère.

« Mais l’important, c’est pas la chute. C’est l’atterrissage. »

Une grande partie de ma vie n'a été construite qu'avec ma famille, son absence ou encore sa renaissance. Une histoire tragique, encore une fois. Je rentrais en première au pensionnat Bradley, le plus cher, le plus beau, le plus majestueux des pensionnats que je pouvais fréquenter. Mon grand-frère Sandro était à l'université à cette époque. Et pour parler de Raffael, il était parti. Parti faire le tour de l'Europe à l'aide de sa guitare et de ses amis. Il m'avait proposé de venir, mais j'étais dans mes études. Et malgré l'image de connard égocentrique coureur de jupons débile qui me collait à la peau, la culture était une chose très importante pour moi. Ainsi, j'ai décliné l'offre et j'étudiais. Les routes de la belle France sont venues gâcher ma vie, le calme qui commençait à y régner. La merveilleuse harmonie qui me constituait. J'ai pleuré, vous savez. J'ai pleuré, j'ai hurlé. J'avais la haine, j'en voulais au monde entier. Mon frère, ce modèle, il n'avait rien fait. Rien demandé. Et dans un accident tragique, celle d'un van qui rencontre un camion, j'ai perdu la personne qui comptait le plus à mes yeux. Raffael m'avait quitté, dans un dernier son, celui de crissements de pneus. Dans un dernier souffle, j'espérais qu'il ait pensé à moi. Ce drame a détérioré ma famille, encore plus qu'elle ne l'était. Cette image parfaite qu'ils essayent de se donner a volé en éclats en quelques secondes. Ma souffrance n'était pas mesurable, elle n'était pas non plus à définir. Le deuil, quelle étrange étape de la vie. Et je lui en veux depuis ce jour, à mon frère, de m'avoir quitté. De m'avoir laissé avec cette mère qui a révélé son adultère. Des tas de mensonges sont remontés à la surface. Nous avons hérité d'une soeur par remariage. D'un père qui ne passe même plus par Venise entre ses voyages d'affaires. D'un grand-frère homosexuel qui me donne envie de le frapper à chaque instant, chaque seconde. Je hais ces putains d'homosexuels qui sont complètement baisés de la cervelle. Et mon frère n'est plus là, je me retrouve à nouveau seul. Encore une fois.

« Tu vois, le monde se divise en deux catégories, ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. Toi tu creuses. »

Les années avancent, lentement. Sans Raffael, jamais rien ne sera pareil. J'ai la haine, encore et toujours. Mais comme un malheur n'arrive jamais seul, j'ai pu continuer ma vie tranquillement. Les gens ont été impressionnés par mon image renvoyée après le décès de mon frère, je devenais encore plus populaire. Plus arrogant. Plus égocentrique. Plus riche. Plus parfait. Plus aimé. Plus détesté. Dans une ascension à l'excès, Nino est devenu grand. Je parle de moi à la troisième personne parce que je le vaux bien. J'ai mon nom, j'ai un nom. Et malgré toute cette apparence qui pue l'horreur et la méfiance, j'ai quelques amis autour de moi. J'ai mes acolytes. Puis mes toutous. Et les connaissances. On ne change pas ce que l'on est, ni même ce que l'on devient. Je pense que toutes ces choses étaient inévitables. Comme l'amour que j'ai pour cette fille. Ma merveilleuse italienne. Je l'ai remarquée car elle était devenue capitaine des cheerleaders. Elle est belle, pulpeuse, innocente. C'est ma poupée, un rayon de soleil. Et je suis un connard sans coeur qui souhaite une relation libre. Après tant de coups d'un soir, je n'arrive pas à calmer cette habitude. Alors je suis là, à l'université maintenant, toujours au même pensionnat. J'ai la plus merveilleuse des femmes à mes côtés, et je la trompe. Du moins, celle-ci est au courant de tout. Et quoi ? Vous me détestez encore plus, c'est ça ? Allez-y, votre avis n'a aucune importance. Après tout, qui voudra lire ce bout de papier chiffonné qui finira dans la corbeille ? Personne. Vous ne saurez jamais rien de ma vie, de mon obésité. Rien. Parce que je suis un connard et que vous aimez ça. Je le sais.